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L’épopée du prêt-à-porter

Il est difficile de l’imaginer aujourd’hui. Mais les vêtements produits en série ne furent pas toujours la norme. Il a fallu attendre la fin des années 40 pour que ce mode de fabrication supplante la couture manuelle et s’impose dans les placards du tout venant. Tailles standardisées, prix attractifs, marques aux identités fortes : le prêt-à-porter a fait entrer la mode dans une nouvelle ère. Celle de la démocratisation du vêtement devenu une pièce accessible, pratique et réplicable à l’envie.

Par Inès Matsika

Le prêt-à-porter, une nécessité de l’après-guerre

Au sortir de la guerre, en 1945, la France – qui subit un rationnement de tissus- a perdu son statut de capitale de la mode. Ce sont les Etats-Unis qui donnent le ton. Avec un coup d’avance, les américains ont développé un mode de fabrication innovant : le ready-to-wear (prêt-à-porter en français, NDLR).

Exit le sur-mesure ! Dans des usines, on fabrique en série des vêtements aux tailles standardisées, qui séduisent des clientes ravies d’avoir accès à des pièces abordables qu’elles peuvent acheter fréquemment. La France, qui a rayonné à l’international grâce à l’excellence de la Haute Couture, doit s’adapter à ce nouveau mode de consommation. La tête tournée vers l’Atlantique, le couturier Jean-Claude Weill le comprend vite. Il est l’un des premiers à appliquer le ready-to-wear à sa griffe et à inscrire son nom sur ses vêtements. L’autre coup d’accélérateur est donné par Albert Lempereur. A la tête de la Fédération de l’Industrie des Vêtements Féminins (ancêtre de la Fédération du Prêt-à-Porter féminin, NDLR), il s’imprègne de la mutation du marché de la mode américain pour l’appliquer à l’Hexagone. Dès 1953, il encourage la modernisation de la filière et la production en grande série. Il mène campagne auprès des maisons, malgré la réticence de certaines comme Chanel – qui s’y opposera longtemps- et Cristobal Balenciaga (au point d’arrêter son activité en 1968). Albert Lempereur veut aussi gagner le cœur des clientes. Pour cela, il s’appuie sur le relais de la presse féminine. Des magazines comme Elle et Vogue vont largement contribué à l’essor du prêt-à-porter en France. En 1956, un premier salon lui est même dédié et se tient à Paris, au Théâtre des Ambassadeurs.

Lire aussi: Le Théâtre de la Mode relance l’industrie après-guerre

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Kellie Wilson portant une robe de  Mary Quant © Gunnar Larsen, 1966

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Un modèle portant un sac Bazaar de Mary Quant, 1959 @Mary Quant Archive

L’explosion du prêt-à-porter

Dans les années 60, la face de la France change, rajeunie par les baby boomers. Cette jeunesse, qui se libère des carcans et rêve d’une société nouvelle, adopte massivement la modernité du prêt-à-porter. Face à une demande exponentielle et des goûts différents, les fabricants font appel à des stylistes comme Emmanuelle Khanh, Anne-Marie Beretta ou Chantal Thomass. Leur mission : cesser de vulgariser des modèles de haute couture et inventer des lignes actuelles. Ces talents, futurs grands noms de la mode, dessinent alors des collections désirables, qui collent à l’air du temps.

Partout, les boutiques éclosent. Celle du couturier Yves Saint Laurent, ouverte en 1966, marque les esprits. Avec Saint Laurent Rive Gauche, le surdoué se place en chef de file d’un prêt-à-porter des couturiers aux côtés de Pierre Cardin, Pierre Balmain ou Carven. Il va multiplier les adresses où l’on trouve des créations en série, fabriquées en France et de très bonne facture.

Désormais, ce n’est plus la Haute Couture qui lance les modes, mais bien le prêt-à-porter. Dans les années 70 et 80, une nouvelle génération de designers lance des labels à leurs noms, aux univers très forts et à la confection de qualité. Azzedine Alaïa, Claude Montana, Thierry Mugler, Sonia Rykiel. Tous donnent ses lettres de noblesse à un prêt-à-porter dont l’hégémonie s’est installée au fil du temps. Et qui fait face aujourd’hui à de nouveaux défis, environnementaux et d’inclusion, annonçant une transformation en profondeur de son système.

Lire aussi: Un dialogue entre Azzedine Alaïa et Peter Lindbergh

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Gunina pour Givenchy, magazine Elle, 1955. © Georges Dambier

En haut de page: Nicole De Lamargé en Pierre Cardin pour le Sunday Times, 1966 © Peter Knapp

La « Minute luxe » est une chronique en partenariat avec SUP DE LUXE, chaire CARTIER

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