Cette année encore, une jolie pile de livres va s’amonceler sous votre sapin. La mode se montre en images sous toutes les coutures: sportive, punk, rétro-futuriste. Depuis l’histoire tapageuse de Pierre Cardin jusqu’aux photographes Nadine Ijewere et Janette Beckman, en passant par l’avant-garde du Momu et la révolution vestimentaire du hip-hop, il y en a pour tous les goûts !
Par Maÿlis Magon de la Villehuchet
Our Own Selves, Nadine Ijewere aux Éditions Prestel
Qui ? Nadine Ijewere est une photographe de mode originaire du Nigéria. Elle a grandi dans les quartiers de South East London, entre Peckham et Plumstead, dans un environnement où les magazines féminins ne reflétaient que très peu les identités noires. Aujourd’hui, ses modèles à la beauté atypique posent dans les salons de coiffure afro de son enfance, hommage visuel et réappropriation individuelle.
Quoi ? Après Tyler Mitchell, Ijewere est la première photographe noire à signer une couverture du Vogue américain en avril 2021, marquant le point de départ de cette monographie publiée aux éditions Prestel, Our Own Selves, racontée par la journaliste Lynette Nylander. Le livre débute par un entretien entre Nadine et Lynette, discutant de la notion de beauté au sein de l’image de mode, thème largement couvert par le travail disruptif de la photographe. En effet, Ijewere propose une autre narration, celle d’un corps singulier élevé par une palette chromatique incendiaire. Our Own Selves relit les premières séries de l’artiste, entre les silhouettes libres capturées en Jamaïque et ses éditoriaux pour les maisons de luxe Dior, Hermès ou Valentino.
Pourquoi ? On peut retrouver les images de Nadine Ijewere dans le livre The New Black Vanguard de Antwaun Sargent, mais c’est le premier ouvrage totalement dédié à son travail. Elle occupe une place essentielle au cœur de ce renouvellement de l’image du corps noir, et il est difficile de passer à côté de ce livre significatif.
55€ prestelpublishing.com interart.fr
Lire aussi : Nadine Ijewere dans l’exposition « Beautiful Disruption »
Couverture du livre Our Own Selves de Nadine Ijewere
Couverture du livre Street Style, la mode urbaine de 1980 à nos jours.
Street Style, la mode urbaine de 1980 à nos jours, par Tonton Gibs aux Éditions Larousse
Qui ? Trois experts du street-style, Tonton Gibs, Uncle Texaco et Teki Latex joignent leurs expériences pour la rédaction de ce livre qui couvre quarante ans de mode urbaine. Ils sont auteur, DJ, marketeur, passionnés par cette tendance devenue un style à part entière : le streetwear.
Quoi ? Le livre Street Style dresse un panorama de la mode urbaine depuis les années 1980, quand la vague hip-hop naît dans les quartiers défavorisés de New York, aux confluences des contre-cultures du skate, du graffiti et du surf. C’est toute une silhouette qui se construit, ample, confortable et sportive. Elle est destinée à une vie souple et plurielle, à un quotidien qui s’adapte à toutes les situations. Aujourd’hui, c’est une industrie largement inscrite dans la mode légitime, au point que les plus grandes marques de luxe commercialisent leurs propres baskets et choisissent des rappeurs comme égéries. De même, le streetwear en tant que produit fait partie intégrante de notre vestiaire citadin, mixant sneakers et pantalon de costume, pour créer une énergie fusionnée culturellement.
Pourquoi ? La mode urbaine est une réalité vestimentaire ancrée depuis quelques décennies. C’est un choix stratégique de la part des marques, un choix esthétique et tribal pour les consommateurs. Le livre Street Style fait cette relecture exigeante et essentielle d’une attitude qui n’a pas fini d’évoluer.
29,95€ editions-larousse.fr
Lire aussi : 3 livres essentiels sur la mode masculine
FASHION. The MoMu Collection Antwerp
Qui ? Le MoMu, autrement dit le Musée de la Mode de la Province d’Anvers en Belgique, recueille l’histoire de la mode flamande et le travail de ses créateurs actuels. En travaux depuis trois ans, le MoMu rouvre enfin ses portes en septembre 2021, avec l’addition d’une nouvelle galerie spécialement dédiée à l’exposition de leur collection de mode permanente. Le livre FASHION. The MoMu Collection Antwerp paru aux éditions Lannoo rassemble les photographies de ces habits muséaux, sous la direction artistique du régisseur Frédéric Boutié en collaboration avec l’expert en culture Belgiz Polat et le photographe Stany Dederen.
Quoi ? La collection imagée dans ce livre est représentative du rôle curateur tenu par le MoMu. La mode muséale a son propre langage visuel, selon le rythme de la narration et le choix des designers exposés. Outre les créateurs cultes de la mode belge comme Dries Van Noten, Haider Ackermann, Raf Simons, Ann Demeulemeester ou Martin Margiela, la nouvelle galerie et le livre présentent le travail des jeunes voix du milieu : Rushemy Botter et Lisi Herrebrugh, Glenn Martens et Demna Gvasalia. Plus de 1000 visuels racontent cette curation vestimentaire et signent la capsule d’un air du temps intellectuel et visionnaire.
Pourquoi ? Pour fêter un musée qui rouvre ses portes après trois ans de rénovation, pour la mise en récit de cette nouvelle exposition permanente et pour le dialogue entamé entre les avant-gardes des années 1980 et celles d’aujourd’hui.
Couverture du livre FASHION. The MoMu Collection Antwerp.
Couverture du livre Rebels : from Punk to Dior.
Rebels: from Punk to Dior, par Janette Beckman aux Éditions Drago
Qui ? Janette Beckman est une photographe des coulisses de la musique punk rock londonienne depuis ses débuts. Reporter pour des publications musicales de l’époque, sa photographie est un témoignage de l’ardeur des concerts et de l’avènement d’icônes comme Blondie, The Clash et The Police. Aujourd’hui, elle signe des collaborations prestigieuses avec Dior, Gucci et Levi’s tout en maintenant un art engagé pour le mouvement Black Lives Matter.
Quoi ? Le livre Rebels: from Punk to Dior retrace quarante ans de photographie aux marges de la mode, de la musique et du photojournalisme. Janette Beckman est une artiste qui capte furtivement la beauté dans la marginalité, évoluant du concert brûlant à la campagne de mode ostentatoire tout en gardant cette touche punk caractéristique, très libre et indomptée. Arrivée à New York en 1983, elle assiste à la naissance de la scène hip-hop, clichant les images bientôt cultes de Grand Master Flash, Run DMC ou Salt-N-Pepa. 240 pages semblent trop peu pour appréhender les neuf vies de la photographe virtuose.
Pourquoi ? C’est l’occasion d’approcher la mode avec l’œil pluriel de Janette Beckman, et de relire une période très dense culturellement. Rebels: from Punk to Dior est une preuve que les extrêmes artistiques peuvent se rencontrer et nouer un dialogue sensible et enrichissant.
Madame CARDIN, à la cour du dernier empereur de la mode, par Sylvana Lorenz aux Éditions de l’Archipel
Qui ? Arrivé en France à l’âge de deux ans, le vénitien Pierre Cardin grandit dans la région de Saint-Étienne avant de découvrir la scène culturelle de Paris en 1945. Il fait son apprentissage chez Dior et Schiaparelli et monte une entreprise multifacette et visionnaire. Pierre Cardin touche à tout, design, vêtement, décoration, art contemporain, conquête spatiale ! C’est un homme d’affaires créatif, nimbé de mystère et d’opulence. Avec un point de vue de confidente, Sylvana Lorenz raconte l’histoire du « dernier empereur de la mode ».
Quoi ? Dans son livre, Sylvana Lorenz écrit la vie de Pierre Cardin, à la fois couturier, commercial et galeriste, ainsi que ses coulisses : les fêtes somptueuses, les rivalités, les favoris. Le récit raconte aussi l’enfance du créateur, son émigration de l’Italie à la France, puis son adolescence pendant la Seconde Guerre Mondiale. Ensuite, sa montée à Paris et ses rencontres mondaines avec le dramaturge Jean Cocteau, l’acteur Jean Marais et le couturier Christian Dior. Enfin, le livre dépeint l’apogée de sa marque plurielle, véritable aventure commerciale portée par sa soif de découverte et de nouveauté.
Pourquoi ? Pierre Cardin est mort il y a un an exactement. C’est l’occasion de relire sa vie entreprenante et singulière, à travers l’œil de Sylvana Lorenz, fidèle parmi les fidèles. Aujourd’hui chargée de la communication à l’espace Cardin, elle dresse un portrait confidentiel et passionnant du maître du prêt-à-porter.
20€ larchipel.com
Lire aussi : L’épopée du prêt-à-porter
Couverture du livre Madame CARDIN, à la cour du dernier empereur de la mode.
