Le média qui raconte la mode 

Jeunes créateurs - Marques iconiques - Culture mode

Les premières fois de Titya Tin, créatrice de Tityaravy

Comment faire parler les murs ? Il semblerait que Titya Tin et Niven Soopramanien aient trouvé la réponse. Le duo derrière la marque de bijoux Tityaravy — également couple à la ville — a ouvert une première boutique à Paris, dont chaque mètre carré exhale l’âme du label. Au 4 rue Chabanais, ils ont installé leur monde. Un univers peuplé de traditions hindouistes, reçues en héritage, auxquelles les créations colorées font écho. Dans un écrin rose indien, baigné par un puits de lumière et ponctué de parois rondes, le couple nous reçoit. L’air doux, concentré, en totale harmonie avec les lieux. Sous le regard complice de son compagnon, Titya Tin révèle les premières fois marquantes de son parcours de créatrice. À un moment où son label prend un nouveau départ.

Par Inès Matsika

Reportage photos : Dario Holtz

Tityaravy

Titya Tin et Niven Soopramanien © Dario Holtz

Tityaravy

© Dario Holtz

Le premier bijou admiré. À quel âge et sur qui ?

Ma mère, qui est cambodgienne, portait souvent des rivières d’émeraude à son poignet. J’en suis tombée amoureuse. J’adorais les subtiliser pour les mettre autour de mes chevilles d’enfant. Depuis, je garde un goût pour les rivières de pierres.

J’ai fabriqué la première à l’âge de six ans. J’ai découvert le plaisir du travail manuel et la magie de voir la matière se transformer en un bel objet. Ça ne m’a jamais quitté.

Le moment où vous avez décidé de lancer une marque de bijoux. Quel fut le déclic ?

Ma rencontre avec Niven. À cette époque, je travaillais encore chez Brand Bazar. Un concept store dans lequel j’ai fait mes armes à différents postes pendant quinze ans. J’ai avoué à Niven ma passion du bijou et mon désir secret de lancer une marque. Il m’a offert son aide ainsi que son expérience. Le fait d’être ainsi épaulée m’a convaincue de me jeter à l’eau.

 

Lire aussi : Sarah Madeleine Bru et la gestuelle du bijou

Lire aussi : Le bestiaire onirique et luxueux de Begüm Khan

Tityaravy

© Dario Holtz

© Dario Holtz

Le jour où vous avez compris la valeur de la transmission.

Quand j’ai perdu mes beaux-parents, de manière très rapprochée. Ils étaient mauriciens et de religion hindouiste. Lors de leur enterrement, j’ai découvert des rites qui m’ont énormément touchée. Ma fille Sasha avait alors deux ans. J’ai réalisé qu’il fallait trouver un moyen pour qu’elle reste en lien avec cette culture qui disparaissait avec eux. J’ai étudié l’hindouisme et les différentes divinités. Les bijoux de Tityaravy s’en inspirent et leur rendent hommage. Aujourd’hui, je songe à transmettre aussi l’histoire de mes parents à travers mes créations. Celles de Cambodgiens qui ont fui leur pays pour échapper au génocide perpétré par les Khmers rouges et ont choisi la France comme terre d’exil.

Le premier voyage en Inde. Quelles images, odeurs et couleurs vous ont frappée ?

J’ai une véritable passion pour la nourriture. Pour adopter un pays, il faut aussi que j’apprécie sa gastronomie. Or, à ma grande déception, ce ne fut pas le cas en Inde ! Heureusement, j’ai eu d’autres coups de cœur comme l’artisanat joaillier. À Jaipur, j’ai passé un temps fou à admirer les pierres et à sélectionner celles qui seraient au cœur de mes collections. J’ai aussi été envoûtée par les couleurs flashy de la ville comme le rose qui s’étale partout !

Tityaravy

© Dario Holtz

tityaravy

© Dario Holtz

La première motivation pour ouvrir une boutique Tityaravy. 

Avant tout, on avait envie de laisser un lieu à nos enfants, qui serait le prolongement physique de notre histoire et de notre manière de vivre. On a donc imaginé un espace qui les transporterait ailleurs, tout en étant familier. Les murs roses peints à la chaux et les arches rondes évoquent l’Inde, la terre de leurs ancêtres. Certains coins de la boutique — l’entrée et la cuisine — recréent l’atmosphère chaleureuse d’une maison. Recevoir comme chez nous tout en faisant voyager les gens : c’est cette envie qui a guidé la décoration.

S’installer rue Chabanais, au cœur du 2arrondissement de Paris, est tout sauf un hasard. Nous vivons dans ce quartier, que nous adorons, depuis plus de dix ans ! Nous avons eu un coup de cœur pour ce lieu chargé d’histoire qui fut tour à tour une maison close luxueuse fréquentée par la haute société, un bar gay réputé et un club select de strip-tease. On aime l’idée de le faire revivre, autrement.

Le jour où le premier client a poussé la porte. Qu’avez-vous ressenti ?

La boutique était ouverte depuis cinq minutes quand une femme est entrée ! Elle connaissait Tityaravy et venait s’offrir un bijou. On a alors compris que notre communauté digitale allait aussi nous suivre dans cette aventure physique. Un vrai soulagement !

La première fois que vous vous êtes sentie fière de votre travail. Quel est le plus beau compliment reçu et par qui ?

C’était lors de ma première participation à Première Classe, un salon d’accessoires et de bijoux se tenant à Paris. J’ai reçu beaucoup de félicitations auxquelles je n’ai pas pu répondre. Aucun mot ne sortait de ma bouche; j’étais en larmes ! J’avais la sensation que l’on validait mon projet. Je n’ai plus jamais douté après ça.

Le jour où vous avez ressenti l’envie d’étendre l’univers de Tityaravy est-il déjà arrivé ?

Absolument ! Niven et moi étant obsédés par la bonne nourriture, nous avons très envie de lancer une ligne d’art de la table. La vaisselle est aussi quelque chose qui se transmet. On reste dans les valeurs de la marque.

Le jour où vous devrez vous réincarner, quelle forme prendrez-vous ?

Celle d’un plat de pâtes carbonara. Les vraies, faites dans les règles de l’art ! On prendrait plaisir à me manger. Et Niven serait un aigle. Histoire de quitter notre monde qu’il trouve trop terre à terre et de développer d’autres perceptions, vues du haut.

Tityaravy, 4 rue Chabanais, 75002 Paris.

tityaravy

© Dario Holtz

© Dario Holtz

En haut de page : boutique Tityaravy © Clément Guegan

Notre best of Tityaravy

Tous les dossiers 

Post a Comment

Pour ne rien rater des PORTRAITS de jeunes créateurs, des FOCUS sur des marques culte et des NEWS sur la culture mode.

Inscrivez-vous

NEWSLETTER

Merci pour votre inscription