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La Redoute

La Redoute, pépinière de créateurs pointus

Qu’ont en commun Yves Saint Laurent, Azzedine Alaïa et Emmanuelle Khanh ? À part d’être des créateurs de génie ayant marqué leur époque, ils ont tous signé une capsule avec La Redoute. Dès 1969, l’enseigne lance des collaborations avec des grands noms de la mode. Un concept innovant qui rend accessibles des vestiaires haut de gamme grâce à des prix abordables. Aujourd’hui, La Redoute continue de démocratiser la mode en s’appuyant cette fois sur de jeunes talents. Sylvette Boutin Lepers, responsable des partenariats créateurs, repère avec beaucoup de flair les futures étoiles de la mode à qui elle confie des mini-collections. Un exercice libre dans lequel ont brillé Simon Porte Jacquemus, Cédric Charlier, Victoria/Tomas et plus récemment Mossi. Rencontre à Roubaix, l’implantation historique de La Redoute, où Sylvette Boutin Lepers dévoile les coulisses de capsules fortes en images. Efficaces cures de jouvence pour l’enseigne centenaire.

 Par Inès Matsika

 Photos : Dario Holtz

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Sylvette Boutin Lepers

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La Redoute X Carven 2016

Il y a six ans, l’aventure La Redoute, qui a commencé en 1837, a failli s’arrêter. Depuis, l’enseigne connaît un renouveau et développe une image plus pointue. Sur quoi repose sa renaissance ?

La Redoute, c’est plus de 180 ans d’histoire. C’est une marque extrêmement connue et reconnue, avec un capital sympathie énorme. On s’en est rendu compte quand le groupe Kering s’en est séparé en 2014 pour se concentrer davantage sur le luxe et que la marque a failli disparaître. Nous avons reçu un nombre incroyable de messages de soutien.

La renaissance de La Redoute est le fruit du duo formé par Nathalie Balla et Eric Courteille, qui ont pris la tête de la marque. Ces dirigeants ont fait en sorte que chaque collaborateur soit associé à la reprise. Nous avons tous un intéressement au résultat de cette société. Ce qui crée un fort esprit d’unité. Même si La Redoute était précurseur en ouvrant très tôt un e-commerce, on leur doit l’accélération du digital qui représente 98% de notre chiffre d’affaires. Sous leur impulsion, la logistique est aussi devenue très performante. Nous sommes capables d’envoyer un colis en deux heures, contre une journée auparavant. Tout cela témoigne du dynamisme et de la nouvelle ère dans laquelle est entrée La Redoute.

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La Redoute X Yves Saint Laurent 1996

La Redoute a été précurseur dans le concept de la capsule de créateur, développé depuis 1969. De grandes figures de la mode ont collaboré avec l’enseigne. Quels ont été les plus beaux succès rencontrés… Et les flops inattendus ?

De très beaux noms se sont en effet associés à La Redoute comme Emmanuelle Khanh – qui fut la première invitée – Yves Saint Laurent, Karl Lagerfeld, Yohji Yamamoto, Azzedine Alaïa, Guy Laroche, Courrèges… Le smoking dessiné en 1996 par Yves Saint Laurent est indéniablement notre plus beau succès. On a vendu 20.000 pièces ! Le top Sibyl Buck était la vedette de notre campagne publicitaire. Nous gardons de très beaux souvenirs de cette capsule. Il est difficile de vous parler de flops, car très honnêtement, il n’y en a pas eu ! Nous nous attachons à proposer des pièces dans l’esprit des maisons avec lesquelles nous nous associons et à un prix attractif. C’est une offre séduisante qui trouve toujours son public.

Aujourd’hui, on s’oriente davantage vers la jeune création. On soutient les talents émergents, futurs grands noms de la mode. A l’image de Simon Porte Jacquemus ou d’Anthony Vaccarello – actuel directeur artistique de Saint Laurent, Ndlr – avec lesquels nous avons travaillé alors qu’ils étaient encore méconnus. Les capsules offrent aux jeunes créateurs une belle visibilité et une présence à l’international à travers nos 26 points de vente à l’étranger. Nous avons aussi un partenariat avec l’école de mode suisse la Head. En tant que membre du jury des masters, je participe à la sélection d’un lauréat parmi les étudiants. Sa première collection est éditée et vendue par La Redoute. Nous participons ainsi aux tout premiers pas d’un créatif.

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La Redoute X Courrèges 2013

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Après avoir occupé différents postes au sein de la Redoute (directrice du bureau de presse, directrice du style) vous êtes, depuis 3 ans, responsable des partenariats créateurs. Quel est aujourd’hui l’impact financier des capsules pour La Redoute ?

On a l’intelligence de ne pas avoir les mêmes attentes pour tous les créateurs. Quand on fait appel à la créatrice Vanessa Seward – qui pour moi représente l’élégance et le bon goût – on réalise sans surprise des collections qui suscitent un fort engouement. Et cela fonctionne depuis plusieurs saisons ! On n’attend pas de chiffres d’affaires particuliers pour des créateurs plus confidentiels. Dans cet exercice, on est purement dans le soutien à la jeune création.

Qu’est-ce qui attire votre œil chez un talent émergent et vous donne envie de travailler avec lui ?

Sa personnalité et la sincérité de sa démarche. C’est ce qui me touche en premier lieu. Je me souviens avec émotion de ma première rencontre avec Christelle Koché. Sa franchise, son parcours atypique et sa volonté m’ont beaucoup plu. Plus récemment, j’ai été séduite par le talentueux Mossi dont les créations couture sont au cœur de la capsule, disponible actuellement. Evidemment, je me pose aussi la question de la commercialité des créations. Je garde en tête la notion du prix car il est impossible de rencontrer la cliente si l’on vend un produit trop cher.

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Comment conservez-vous intacte votre curiosité ? Vous pourriez être blasée après toutes ces années….

Ce sont les créateurs qui me nourrissent. Je trouve que c’est une grande chance d’être entourée par tous ces jeunes qui fourmillent d’idées et de créativité. Mon envie de découvertes ne faiblit pas. Cela concerne la mode mais aussi l’architecture ou le design.

Avez-vous des regrets, le sentiment d’être passée à côté de certains créateurs ?

Certainement. Je pense à Guillaume Henry – actuel directeur artistique de Patou, Ndlr. J’aurais aimé travailler avec lui.

 Vous êtes une dénicheuse de talents, vous participez à la construction du futur de la mode. Pour autant, il y-a-t-il une époque –dans ce secteur – dont vous êtes nostalgique ?

Je ne fais pas partie des gens qui pensent que « c’était mieux avant » (rires). J’aime avancer dans ce monde.

Comment La Redoute répond aux grands mouvements qui traversent l’industrie de la mode : accélération du digital, respect de l’environnement, diversité ?

Ce sont des sujets qui nous sont chers. On fait pas mal d’actions, sans forcément communiquer sur tout. Nous aidons, par exemple les jeunes issus des quartiers sensibles de Roubaix. Concernant la question environnementale, elle est évidemment au cœur de nos préoccupations et nos dirigeants s’en emparent pleinement.

Quels sont vos souhaits pour ce secteur de la mode en pleine mutation et pour la jeune création ?

Consommer moins mais mieux. Il ne faut pas faire preuve d’un optimisme béat mais je trouve que cela est en bonne voie. Encore une fois, je m’en remets aux jeunes créateurs. Les choses changeront avec eux.

 

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La Redoute X Mossi AH 2020-2021

La Redoute X Carven 2016

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Vanessa Seward X La Redoute Collections  AH 2020 (et haut de page)

L’héritage mode de Sylvette Lepers

 

Votre première émotion mode

Une paire de chaussures. Je les aime depuis l’enfance. Je me souviens d’une paire offerte par ma mère avec un petit talon. Elles étaient rangées sous mon lit. Je n’arrivais pas à dormir et me levais sans cesse pour les regarder.

Une odeur liée à un souvenir mode

Le parfum de ma mère qui portait Eau de Caron. Elle est extrêmement féminine. Elle cousait énormément, fabriquait tous mes vêtements et m’a transmis son goût pour les textiles. Elle est mon exemple.

Les artistes qui ont forgé votre goût du beau

En mode, Gabrielle Chanel et Elsa Schiaparelli. En architecture, le Brésilien Oscar Niemeyer et l’Américain Frank Lloyd Wright. J’aime aussi beaucoup la céramique de Roger Capron.

 Les designers qui vous ont donné envie de défendre la création.

Dries Van Noten qui excelle dans le mélange de couleurs et d’imprimés. J’aime aussi ce qu’il dégage, sa grande discrétion et le fait qu’il soit resté fidèle à sa ville d’origine, Anvers.

Deux institutions culturelles coups de cœur

La Villa Cavrois à Croix, dessinée par l’architecte Robert Mallet-Stevens, qui est absolument magnifique. Et le musée La Piscine à Roubaix, où petite, je me baignais !

Le smocking vu par Mossi pour La Redoute

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