Henri-Philippe Maïdou est un enfant du monde. Après un circuit d’entrepreneur hyperactif, le créateur d’Imi & Kimi fonde une marque statutaire inspirée par les multiples savoir-faire du continent africain. La silhouette qu’il dessine est caractérisée par des épaules marquées et un drapé sans bavures. Il nous raconte un périple cosmopolite, irrigué par les mille idées à la minute qui fourmillent dans sa tête.
Par Maÿlis Magon de la Villehuchet
Le voyage comme apprentissage
« J’ai grandi en voyageant aux quatre coins du monde car mon père était diplomate en République Centrafricaine, au temps du président Bokassa. Avec mes frères et sœurs, on nous a toujours poussés aux études et à partir rapidement du nid familial. Je me suis orienté vers le basketball et à dix-sept ans, j’étais déjà joueur professionnel, en France et aux États-Unis. Ce métier et cet itinéraire international m’ont fait énormément grandir et ouvert l’esprit. Puis a commencé un périple d’entrepreneur, émaillé de mannequinat, d’import-export de Converse All Stars, de construction immobilière et même de l’ouverture de deux restaurants en Centrafrique ! Le fait d’avoir vécu aux Etats-Unis m’a donné une grande confiance et la conviction que je pouvais mener tout projet à bien. Et le basket m’a bien-sûr doté d’une capacité de rebond. Un véritable atout pour faire face aux difficultés ou aux échecs.
La mode est arrivée dans ma vie par le biais de la vente. J’ai intégré l’univers du luxe en travaillant dans une boutique de textile à Paris. J’ai rapidement grimpé les échelons, jusqu’à mettre la main à la pâte pour monter les collections. Là, j’ai appris les fondamentaux de l’image de marque et de la communication. L’idée de créer un label a commencé à germer dans ma tête. Un an plus tard, j’ai lancé Expression of Ego, une marque à l’identité sport chic. »
Imi & Kimi, l’art du tombé
« Quand l’aventure Expression of Ego a pris fin, j’ai repris mon métier de vendeur chez Armani puis chez Hermès, jusqu’à mon arrivée chez Dormeuil, une entreprise familiale spécialisée dans la fabrication de tissus de luxe. J’y ai rencontré un grand tailleur guinéen, le père de Sadio Bee, qui confectionnait les costumes du président Nicolas Sarkozy. Il m’a éduqué à la demi-mesure, aux proportions et au tombé impeccable. Des obsessions que je cultive encore aujourd’hui et que j’ai souhaité mettre au cœur d’un nouveau label. C’est comme cela qu’est né Imi & Kimi. Le nom de la marque est inspiré par mes filles, Imani et Kimora, et par l’héritage que je souhaite leur laisser.
Dans cette aventure, je dessine, je confectionne, je modélise, main dans la main avec des ateliers que je respecte infiniment. Mon inspiration vient principalement de la diaspora africaine, et cela se traduit par mon usage du bazin, des broderies marocaines ou des motifs Masai. La mode Imi & Kimi est semblable à une cuisine du cœur, que j’invente sans recette. Son identité se niche dans les épaules, dans les volumes et dans le tombé. Les manteaux que je crée rassemblent toutes ces caractéristiques et signent un ADN sensible et combatif. Ma mode se reconnaît aussi dans ses couleurs, le bleu de travail, le kaki militaire, le brun de ma peau. »
imietkimi.com
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Tailoring et mixité
« Quand un client entre dans ma boutique, je sais immédiatement quelle pièce lui proposer selon sa morphologie, sa taille et sa façon de se mouvoir. J’ai retenu les leçons du luxe et du tailoring. Je les injecte dans mon vestiaire composé de robes, de vestes, de manteaux et de costumes, avec l’idée récurrente de construire une silhouette facilement portable, identifiable au premier coup d’œil. J’aime partir d’un modèle que je décline pour toutes les saisons, en jouant avec l’aspect des matières. Je mets un point d’honneur à les sourcer convenablement, comme ce lainage Masai venant du Kenya. Tout part toujours du tissu ; de là, je crée le vêtement.
Je fais découvrir Imi & Kimi à travers des pop-up que j’anime en Europe, aux Etats-Unis et en Chine. Le dernier s’est tenu dans le quartier parisien Le Marais. Je souhaite poursuivre cette expérience de l’éphémère tout en réalisant mon prochain objectif : celui de lancer une boutique en ligne pérenne qui propose une bonne expérience de vente. Je vise les marchés français, anglais et africains. En définitive, mon plus grand désir serait que chacun puisse acquérir une pièce Imi & Kimi, et ainsi élaborer une synergie fédératrice autour de ces savoir-faire si précieux. »
