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Begüm Khan

Le bestiaire onirique et luxueux de Begüm Khan

Il n’est pas interdit de rêver. Tel pourrait être le slogan de Begüm Khan. La marque de joaillerie fantaisiste nous plonge depuis dix ans dans un monde onirique. Les bijoux incarnent des insectes dotés de pouvoirs et représentent une flore ultra puissante. A cela s’ajoute toute l’opulence de l’Empire ottoman auquel la créatrice Begüm Kiroglu rend hommage. Depuis Istanbul, la jeune femme s’amuse à nous faire voyager dans le temps et à l’intérieur de contrées imaginaires avec ses créations. Elle nous embarque dans un univers fantasque, où le volume et les couleurs sont les rois. Repérée pour ses parures royales aux tons clinquants, Begüm a signé cette année une collaboration avec la maison Guerlain. Une belle reconnaissance de son art de l’équilibre, entre sophistication et extravagance. Pour clore avec le sourire l’année 2021, Begüm partage avec nous sa vision joyeuse de la création.

Par Inès Matsika

Begüm Khan

Begüm Kiroglu

Begüm Khan

Dans quel environnement familial et social avez-vous grandi ?

 J’ai grandi à Istanbul dans une famille de collectionneurs d’art ottoman. Mes parents m’emmenaient régulièrement chiner avec eux dans les marchés aux puces et les magasins d’antiquités. Evidemment, cela ne m’amusait pas beaucoup, j’aurais préféré aller à Disneyland ! (rires). Aujourd’hui, je comprends à quel point cet apprentissage a nourri mon œil et forgé mon esthétisme. Être dans cet environnement a vraiment développé mon point de vue artistique.

Quelle place le bijou avait-il au sein de votre famille et comment ce goût vous est-il venu ?

Dans ma famille, comme dans la plupart des familles turques, le bijou a une place centrale. Il est au cœur de nos traditions. Chaque date spéciale est célébrée avec des bijoux que l’on reçoit ou que l’on offre. J’ai été très tôt sensibilisée à cet accessoire. Petite fille, j’étais curieuse et je passais des heures à fouiller dans les boîtes contenant les parures anciennes collectionnées par mes parents. J’observais aussi comment ma mère et mes grands-mères ornaient leurs tenues. Je jouais sans cesse avec leurs vêtements et leurs bijoux. Je m’aventurais même à détourner certaines pièces, à transformer par exemple une broche en une boucle d’oreille. C’est en les regardant avec fascination et en les manipulant que ma passion pour les bijoux s’est développée.

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Begüm Khan
Begüm Khan
begüm Khan
Begüm Khan
Begüm khan

L’aventure Begüm Khan démarre par hasard. Pouvez-vous expliquer ce qui a motivé vos premières créations ?

Mon frère allait se marier, et je voulais – comme le veut la tradition- lui offrir un bijou. Je recherchais des boutons de manchette, un cadeau intemporel qu’il aurait pu porter toute sa vie. Et en même temps, mon frère ayant 29 ans à cette époque, je voulais un modèle assez funky ! J’ai réalisé à quel point c’était difficile de trouver des pièces qui allient la contemporanéité et l’intemporalité. Alors, j’ai créé mes premiers boutons de manchette et c’est ainsi que l’aventure Begüm Khan a démarré. Pendant trois ans, je me suis consacrée à ces créations puis j’ai décidé d’étendre la gamme à de la joaillerie féminine.

Vos bijoux sont très inspirés par l’Empire ottoman. Que représente-t-il à vos yeux ? Comment le faîtes-vous revivre dans vos créations ?

 La Turquie a une histoire très riche et éclectique. C’est un pays qui brasse depuis des siècles différentes cultures, ethnies et langues. Je suis née et j’ai grandi à Istanbul, qui fut la capitale de l’Empire ottoman. Je suis naturellement influencée par la période faste de notre pays et comme tous les enfants, j’ai été bercée par des histoires qui mettaient en scène un empire qui fut l’un des plus puissants. J’ai en tête les tenues luxueuses de l’époque : les robes, les caftans, les bijoux. Tout cet apparat a beaucoup marqué mon imaginaire et se lit aujourd’hui dans mes créations. J’essaie de trouver le juste équilibre entre l’extravagance – qui est l’essence de la culture ottomane – et la sophistication. Cette alliance est vraiment la marque de fabrique de Begüm Khan.

D’où vient votre fascination pour le bestiaire et la flore, très présents dans les collections Begüm Khan ?

J’ai toujours été fascinée par les animaux, en particulier par les insectes. C’est une espèce fragile et en même temps, elle peut survivre durant des millions d’années. Je me retrouve totalement dans cette dualité, la force et la délicatesse. Je suis très émotive. Mon cœur peut se briser facilement, tout comme je peux agir comme la femme la plus puissante du monde. J’ai créé un univers onirique où les insectes et la flore seraient rois.

Comment et où sont réalisés vos bijoux ?

Ils sont tous fabriqués à la main à Istanbul par des artisans turcs. Leur savoir-faire précieux donne à nos créations une qualité qui se rapproche de la haute joaillerie. Au fil du temps, j’ai compris à quel point c’était important de préserver ces techniques artisanales pour qu’elles puissent se transmettre aux futures générations. Je veux montrer au monde toute la beauté de nos matériaux et l’ingéniosité de nos techniques.

 Vos pièces sont imposantes pleines de caractère. Elles sont à rebours d’une tendance de fond des bijoux fins, de seconde peau. Etait-ce une volonté de se singulariser ?

Ce n’est pas un parti pris réfléchi, cela s’est installé naturellement. Je dessine avec mon cœur. Et quand je crée, je vois toujours en grand. J’adore apporter du volume à mes pièces. Je les imagine comme des accessoires qui pourraient à eux-seuls construire une silhouette. D’ailleurs quand je m’habille, j’ai tendance à d’abord choisir les bijoux, puis les vêtements.

 

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Begüm Khan
Begüm Khan

Vous avez réalisé un bijou qui habille le parfum « Le songe de la reine » de la Maison Guerlain. Comment cette collaboration est-elle née ? D’autres sont-elles prévues prochainement ?

J’ai été honorée d’être choisie par une maison aussi prestigieuse que Guerlain pour habiller un de leurs parfums. Je trouve cela très symbolique. C’est la rencontre entre l’Orient et l’Occident, la fusion entre la cosmétique et la joaillerie, l’alliance entre une marque établie, vieille de près de 200 ans et un jeune label. C’est une collaboration qui célèbre la différence et la manière dont les univers peuvent s’enrichir les uns des autres. Tout s’est passé de manière très fluide et dans la plus grande confiance.

Quel pouvoir accordez-vous aux bijoux ?

Je leur accorde un pouvoir talismanique. Par exemple, je ne porte que mes propres bijoux et la bague de fiançailles de ma grand-mère. C’est une sorte de protection. Je sais qu’elle m’aimait vraiment et quand je porte sa bague, je porte en quelque sorte son amour avec moi.

Que représente pour vous la période de fin d’année et quels sont vos vœux pour celle qui s’annonce ?

J’aime les nouveaux départs. Je suis persuadée que les choses que nous souhaitons fortement peuvent se réaliser. J’ai une longue liste de souhaits ! Le plus important est celui de rester une marque indépendante. Nous prenons beaucoup de risques artistiques. Ils viennent du cœur. Ce ne sont pas des choix commerciaux. Nous nous efforçons d’être aussi libres que possible. Mon plus grand souhait est de conserver cette liberté. Le second est d’ouvrir un second flagship Begüm Khan en dehors de la Turquie. Nous réfléchissons encore au lieu. Et Paris n’est pas exclu ! (rires)

L’héritage mode de Begüm Kiroglu

Une odeur liée à un souvenir mode

Quand j’étais plus jeune, une amie de ma famille séjournait les mois de septembre dans notre maison. Elle portait le parfum Shalimar de Guerlain. Elle était si chic et sophistiquée. A chaque fois qu’elle se déplaçait dans une pièce, elle laissait derrière elle des effluves. J’étais obsédée par cette odeur. Un jour où l’on célébrait mon anniversaire, elle m’offrit une bouteille de parfum. Ce fut mon premier Guerlain.

Les artistes qui ont forgé votre goût du beau

Un de mes oncles est designer. Depuis que je suis enfant, il est mon meilleur ami et mon mentor. Il a beaucoup influencé mes goûts.

 Une époque à laquelle vous auriez aimé vivre

Je ne voudrais pas vivre dans le passé. Je suis née à cette époque et à cet endroit parce que c’était censé être ainsi. Je suis heureuse de ma vie. Je suis plutôt curieuse de l’avenir. J’aimerais pouvoir faire des sauts dans le futur.

Les designers qui vous ont donné envie de créer

Il y en a tellement ! Les premiers qui me viennent à l’esprit sont Yves Saint Laurent, Cristobal Balenciaga, Coco Chanel et Halston.

Une institution culturelle coup de cœur

Je vais en citer trois ! Le Victoria & Albert Museum à Londres, le Musée des Arts Décoratifs et le Musée d’Orsay à Paris.

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