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Molli

Molli, la maille en héritage

Molli

Charlotte de Fayet © Dario Holtz

 Ne surtout pas être une marque de mode de plus. Telle est l’obsession de Charlotte de Fayet, qui a acquis il y a 5 ans la maison centenaire Molli. L’ancienne experte en marketing de luxe s’est lancée dans cette aventure avec la volonté de redonner de l’éclat à cette griffe spécialisée aux origines dans la bonneterie, puis dans le trousseau de naissance en maille.
En s’appuyant sur le savoir-faire historique de la maison, elle a lancé un vestiaire féminin, proposé désormais aux côtés de la layette. Des pièces raffinées et intemporelles, tricotées dans une maille très fine. Avec une tranquillité et un doux sourire dont elle ne se départ jamais, Charlotte de Fayet explique comment elle a réussi à perpétuer la tradition de Molli tout en l’ancrant dans l’air du temps. Rencontre dans le studio de création qui illustre à la fois les racines et l’évolution de la marque.

Par Inès Matsika

Photos: @dario.hltz

Molli est une maison centenaire. Sur quoi repose sa pérennité ?

Molli est une marque suisse qui est en née en 1886 et qui fête donc ses 134 ans ! Sa pérennité repose sur la qualité du produit avec laquelle les fondateurs – puis moi, lorsque j’ai repris la maison il y a 5 ans – n’ont jamais transigé. Il s’agit aussi d’une marque intemporelle. Elle ne suit pas la mode mais s’en imprègne et a surtout accompagné les différents mouvements vestimentaires à travers le temps. A la fin du 19ème siècle, la tenue des femmes est en pleine transformation. La silhouette s’affine avec des vêtements plus près du corps. L’industrie du sous-vêtement répond à cette évolution en proposant les premiers ensembles en maille souple, qui procurent une aisance dans le mouvement. C’est le début de la bonneterie qui sera la spécialité de Molli. La marque fait ensuite évoluer son vestiaire vers des pulls et des tenues pour enfants dans les années 50. Elle va même inventer le concept du trousseau de naissance, avec sa maille seconde peau ! Molli s’est toujours distingué par ses modèles réalisés dans un point mousse travaillé de manière très fine. Il est encore aujourd’hui le style iconique de la maison.

La marque traverse les générations. Comment expliquez-vous l’émotion qu’elle suscite ? Pouvez-vous détailler celle que vous avez ressentie et qui est à l’origine du rachat de la marque ?

La réputation de notre trousseau de naissance n’a jamais faibli. Les mères se passent le mot depuis des décennies pour envelopper leurs bébés dans ces vêtements moelleux et doux que nous concevons. Il y a un vrai attachement à cette marque qui accompagne les femmes dans un moment fort de leur vie. Avant de reprendre la maison, j’étais moi-même une cliente ! J’achetais tous mes cadeaux de naissance là-bas. Lors du congé maternité pour mon deuxième enfant, j’ai pris la décision de me lancer dans une aventure entrepreneuriale. Et j’ai appris par hasard que Molli connaissait des difficultés financières. Il a suffit d’une discussion avec les anciens propriétaires pour que je me décide et que je reprenne leur activité ! C’est une aventure passionnante que je mène avec une styliste particulièrement douée.

molli

© Dario Holtz

Molli

© Dario Holtz

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© Dario Holtz

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En rachetant cette marque historique, vous avez ouvert le vestiaire à la femme. Qu’aviez-vous envie de lui proposer ?

La maille est une matière que l’on peut travailler dans une multitude de modèles : pantalons, jupes, manteaux… J’avais envie de proposer aux femmes des pièces assez sophistiquées, et m’inscrire ainsi – mais sans la moindre prétention ! – dans les pas de grands créateurs comme Azzedine Alaïa ou Sonia Rykiel qui ont donné ses lettres de noblesse au vestiaire en maille. Sans avoir une approche couture du vêtement, l’idée est de proposer des pièces impeccables, qui s’intègrent très bien dans la vie des femmes. C’était un pari, car à ma connaissance, il n’existe aucune marque pour enfants qui ait ensuite ouvert sa ligne à un public féminin !

Comment les femmes se sont-elles appropriées Molli en cinq ans ? Quel part le vestiaire femme représente-t-il aujourd’hui dans les ventes ?

Aujourd’hui les femmes représentent plus de 80% de notre chiffre d’affaires ! Le rapport s’est complètement inversé et la ligne bébé est devenue le Mini Molli (rires). Elles se sont reconnues dans une garde-robe qui leur évoque le raffinement, la qualité et l’intemporalité. Ce qui est intéressant, c’est que nous avons désormais deux clientèles bien distinctes.

Vous vous appuyez sur un patrimoine pour continuer à raconter l’histoire de Molli. Quelles pépites avez-vous découvert quand vous avez plongé dans les archives de la marque ?

Ce qui m’a passionnée, c’est de découvrir à quel point l’histoire de Molli s’inscrit dans la révolution industrielle. Grâce aux progrès techniques, cette petite marque suisse a perfectionné son savoir-faire, développé ses usines et conquis le monde. Elle a toujours été proactive et innovante dans son secteur. J’ai récupéré toutes les anciennes publicités de la marque qui sont assez étonnantes de modernité ! J’ai souhaité conserver le logo initial qui est très juste avec ses lettres en minuscule, presque manuscrites. Il renvoie à la discrétion et à la délicatesse de Molli.

Molli

© Dario Holtz

Molli

© Dario Holtz

Vous avez suivi une formation filature à l’Institut français de la mode ? Comment intervenez-vous dans le processus créatif de Molli ?

Il était capital pour moi de plonger dans l’aspect technique de la maille. J’ai aussi fait le tour des ateliers pour m’imprégner de tous les aspects de la fabrication. On travaille à quatre mains avec la styliste, pour réinterpréter chez la femme les codes historiques de la layette Molli, pour choisir les couleurs, les types de fils…

Quelle part de votre personnalité retrouve-t-on aujourd’hui dans Molli ?

Je suis une obsédée de la qualité et du confort ! (rires). Je suis très sensible au tombé des pièces et j’aime que les modèles soient tricotés de manière très serrée. J’apprécie aussi les associations de couleurs audacieuses.

Dans les années 50, Molli est à l’origine d’une avancée pour les femmes en inventant le concept du trousseau en laine. Qu’aimeriez-vous que la marque apporte à leur quotidien aujourd’hui ?

Il est vrai que Molli a libéré les femmes d’une tache : celle de tricoter à la main les premiers vêtements du bébé ! Ce n’est pas une révolution mais je trouve qu’il est important de proposer aux femmes des pièces polyvalentes, qu’elles peuvent porter à différents moments de la journée. Et par dessus tout, j’aimerais que la marque les aide à se sentir bien. Il ne faut jamais minorer l’impact du vêtement sur notre état d’esprit et notre manière de nous présenter au monde. S’il n’y avait qu’un seul service à leur offrir, ce serait celui-là !

www.molli.com 

À écouter : Charlotte de Fayet se raconte dans un podcast

Lire aussi: Alexandra Golovanoff remet les tricots au goût du jour

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