©Jamel Shabazz_courtesy Getty Museum
Jamel Shabbaz a dépassé le statut de photographe. Depuis les années 70, il sillonne les rues de New York et capture avec son appareil les comportements urbains. Son art, à la limite de la sociologie, documente l’histoire de la ville, les courants vestimentaires et musicaux qui la traversent. Son point fort : être un des rares observateurs de la jeunesse multicolore new-yorkaise et du mouvement hip-hop depuis sa naissance. L’exposition « City Metro » à la Galerie Bene Taschen de Cologne lui rend hommage.
Un photographe de rue
Depuis 30 ans, Jamel Shabbaz tient un journal dans lequel le personnage principal est sa ville natale : New York. Loin des avenues prestigieuses et des faubourgs gentrifiés, Shabbaz met en image la vie populaire des quartiers et son évolution à travers les époques. Marchant dans les pas du photographe Gordon Parks, il a à cœur d’immortaliser les communautés oubliées du grand rêve américain. Le point d’ancrage de ce natif de Brooklyn est la rue. Depuis l’âge de 15 ans, il la sillonne, appareil au cou, et fige sur pellicule des images de la vie quotidienne. Dans son album, des visages inconnus défilent, des silhouettes se figent ou poursuivent leur marche vers une destination inconnue. Lieu de rencontres et photocopie de la société, les transports new-yorkais sont aussi son terrain de jeu. En bus ou dans le métro, Jamel Shabbaz traverse le Bronx, Brooklyn, Harlem et Manhattan. Sur ses clichés, les résidents des différents quartiers se croisent, habitent un espace commun le temps de quelques stations. L’exposition « City Metro » à la Galerie Bene Taschen de Cologne retient cet angle, celui du multing pot new-yorkais dont Jamel Shabbaz s’est fait le porte-voix, et qui s’exprime depuis toujours dans les transports de la ville. L’Allemagne sera la destination où il faudra être cet hiver pour découvrir une trentaine d’oeuvres qui marquent par leur spontanéité, leur énergie et leur grande sensibilité.
© Jamel Shabazz_courtesy Getty Museum
Un témoin du mouvement Hip-Hop
Baskets blanches rutilantes, grosse chaine en or autour du cou, ghetto blaster sous le bras, air de défi dans les yeux. On doit à Jamel Shabazz les plus beaux clichés d’une jeunesse qui a donné naissance au Hip-Hop au début des années 80. Le photographe est aux avants poste de la révolution qui secoue les rues du Bronx et se diffuse tel un fusible dans tout New York. Musique, vêtements, danse : le mouvement innove à tous les niveaux, inventant un vocabulaire qui n’a jamais cessé depuis de s’enrichir. Dans un courant où l’apparence est reine, Jamel Shabbaz devient à travers ses clichés, le témoin d’une page de l’histoire de la mode. Il immortalise la jeunesse dans des tenues signées Dapper Dan, un couturier issu du ghetto qui détourne les logos des marques de luxe. Soigner son style, son flow (la manière de rapper) ou son attitude : Jamel Shabbaz immortalise les obsessions d’une jeunesse avide de reconnaissance, de gloire et d’ascenseur social. Grâce à une tendresse infinie pour ses sujets, le photographe arrive à installer une ambiance très intime avec eux. Dans ces photos, il est question d’allure, de fierté mais aussi d’une fraternité heureuse, avant que l’arrivée du crack ne change la face des quartiers populaires de New York.
Exposition « City Metro » du 8 décembre 2018 au 2 février 2019.
© Jamel Shabazz_courtesy Galerie Bene Taschen
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