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"sapé comme jadis"

Sapé comme jadis : dis-moi ce que tu portes, je te dirai qui tu es

Voici un livre qui ne prendra pas la poussière sur des étagères. D’abord le titre accrocheur  Sapé comme jadis – en clin d’œil au tube de Maître Gims – puis le propos original séduisent très vite. Paru aux éditions Robert Laffont, l’ouvrage donne une claque méritée à ceux qui ont toujours considéré le vêtement comme un sujet futile. Yvane Jacob, responsable de collection chez & Other Stories, y dresse le portrait de 60 personnalités historiques dont elle décrypte le style. Son but ? Dévoiler le sens caché des vêtements et leur interaction avec le social ainsi que la politique. Dans le livre on apprend : « pourquoi Angela Davis a milité avec ses cheveux », « pourquoi Bonaparte s’habillait modeste » ou encore « pourquoi Mao a donné son nom à une veste ». Un street-style historique à la fois drôle et instructif.

 Par Inès Matsika

D’où vous vient ce goût pour l’histoire du vêtement ?

L’histoire et le vêtement sont deux thématiques qui me sont chères. A l’origine, je n’ai aucun rapport avec la mode. J’ai fait des études à Sciences-Po Bordeaux. En arrivant à Paris, j’ai découvert l’Institut Français de la Mode (IFM) qui aborde ce secteur comme une industrie et comme un élément culturel fort. J’ai décidé de passer le concours. Lors de l‘épreuve, la question à laquelle je devais répondre était : « peut-on légiférer en matière de mode ? ».

J’ai adoré analyser la manière dont le pouvoir politique s’est intéressé au vêtement tout au long de l’histoire. J’avais déjà connaissance des lois somptuaires qui existaient sous l’Ancien Régime (elles réglementaient les habitudes de consommation et la manière de se vêtir, Ndlr). Cela m’a donné envie de pousser plus loin mes recherches sur les liens entre la mode et la politique.

Comment est né le projet du livre Sapé comme jadis ?

Tout a commencé par un compte Instagram qui présentait une galerie de personnalités avec un décryptage historique de leurs tenues.

Avec le livre, j’ai repris le même principe mais en l’anglant différemment. J’ai davantage mis la loupe sur l’impact politique et social des vêtements. J’ai fait beaucoup de recherches durant un an et demi. Ça a été l’occasion de me plonger dans des documents d’époque, des livres historiques et des biographies. Tout cela me passionne ! Mais je tiens à préciser que je ne suis pas une historienne de la mode et cet ouvrage n’a pas la prétention d’être un livre d’histoire.

"sapé comme jadis"

Angela Davis © Sapé comme Jadis

"sapé comme jadis"

Madame de Montespan © Sapé comme Jadis

On dit souvent que le vêtement est superficiel. Avec ce livre, aviez-vous envie de mettre à bas ce préjugé ?

Je voulais effectivement le faire tomber en décortiquant le sujet du vêtement de manière sérieuse. S’habiller est la première chose que l’on fait en se levant et cet acte en dit long sur notre personne. Le vêtement donne des renseignements très intéressants sur qui nous sommes et ce que nous vivons à un instant T. Et ce constat est encore plus criant chez les personnages publics.

Parmi les 60 styles décryptés, quelles sont les histoires qui vous ont le plus amusée et étonnée ?

Je pense d’abord à celle de Fidel Castro. Comme tout le monde, je savais à quel point sa barbe et son treillis avaient construit son personnage. Mais j’ai découvert avec étonnement que les Américains avaient fomenté un complot, en pleine guerre froide, pour lui faire couper les poils de sa barbe, considérée comme un symbole révolutionnaire ! Ce projet rocambolesque n’aboutit jamais. Cela prouve encore une fois que l’apparence est toute sauf anecdotique !

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L’autre point qui m’a interpellée est l’impact du vêtement sur les femmes. Il fut un objet d’entrave dans leur liberté de déplacement et d’action, et les a cantonnées à un certain statut. J’y ai consacré un chapitre entier.

Le ton du livre est mordant, humoristique. C’était important pour vous d’associer légèreté et approche historique ?

C’est effectivement un parti pris. Mon envie était de fédérer un maximum de gens autour du livre. Il doit pouvoir toucher des amateurs de mode comme des férus d’histoire. Le ton humoristique est une passerelle. J’essaie de faire se rencontrer ces deux mondes à travers cet ouvrage.

Y-a-t-il des personnalités d’aujourd’hui dont l’apparat vous fascine et qu’il serait intéressant d’analyser selon vous ?

J’ai récemment réalisé un article pour www.grazia.fr, à l’approche des municipales à Paris. J’ai analysé le look du candidat Cédric Villani (sans étiquette, Ndlr). Ce scientifique de métier a une tenue spécifique qui l’identifie à la fois comme un nerd et comme un homme original. Pour les élections, il a dû lisser un peu son image tout en conservant tout de même son identité. Je trouve cela courageux et intéressant.

Et si on devait décrypter le style Yvane Jacob, que dirait-il de vous ?

Je n’y ai jamais vraiment pensé (rires). Je reçois beaucoup de vêtements de la marque pour laquelle je travaille alors que paradoxalement, je me fiche complètement des tendances.

Je pense avoir toujours eu un rapport déguisé au vêtement. Quand je porte une veste des années 70, cela me permet d’imaginer que je suis une autre personne, vivant à une autre époque. J’aborde le vêtement comme un costume. C’est certainement pour cela que j’aime à ce point son histoire.

 

 

"sapé comme jadis"
"sapé comme jadis"

Yvane Jacob © Mathilde Beaugé

En haut de page: Néfertiabet © Sapé comme Jadis

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