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Parme Marin

Parme Marin dévoile ses accessoires chics

Il a suffi que Beyoncé porte une de ses créations pour que le nom de Parme Marin soit sur toutes les lèvres. New-yorkaise d’adoption depuis de nombreuses années, la « frenchy » n’a pourtant rien perdu de sa gouaille parisienne. Avec un franc-parler rafraîchissant, la créatrice de bijoux et d’accessoires dévoile son univers. Les voyages, les couleurs, l’architecture et l’artisanat ancestral sont les inspirations qui guident des collections au style ethnique. Femme de conscience, elle milite pour une mode qui a du sens, affranchie des calendriers et qui laisse plus de place à la diversité.

Texte: Inès Matsika

Parme Marin

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Les bijoux et vous, c’est une veille histoire d’amour ?

Elle remonte à l’enfance. Comme toutes les petites filles, j’aimais fabriquer mes colliers en perles. Mais cet amour a réellement pris forme plus tard. En 2011, alors que je visitais une mercerie dans le Fashion District de New York, j’ai eu un déclic. L’avalanche de rubans, de perles, de boutons que j’avais devant les yeux m’a donnée envie de fabriquer des bijoux de manière professionnelle et de concevoir des pièces que j’avais du mal à trouver dans les commerces. Tout de suite l’idée de faire des bijoux décalés, en détournant des matériaux de leur fonction première, s’est imposée. N’ayant pas fait d’études de design, je ne me suis fixée aucune limite. Tout me semblait possible en terme de création. C’est ainsi que j’ai réalisé des pièces originales, qui sortaient de la norme.

Pourquoi avoir lancé votre marque à New York. Cela a-t-il été plus simple là-bas ?

Je suis allée aux Etats-Unis pour faire une école de commerce. J’étais dans la même promotion que la créatrice Coralie Marabelle. J’ai adoré cette expérience et j’ai décidé d’y emménager. Dans ce pays, on ne vous juge pas, je m’y suis sentie plus épanouie ! Par contre, y lancer une marque n’est pas forcément plus simple car le marché est énorme et il y a beaucoup de compétition. Certains leviers, comme la communication et le marketing qui sont particulièrement à la pointe, peuvent permettre d’aller plus vite. Ce qui change fondamentalement, c’est l’état d’esprit. Aux Etats-Unis on a le droit de réussir. Lancer une entreprise avec cette mentalité-là change vraiment la donne.

Centrée sur le bijou au départ, la marque s’est étendue à d’autres produits. Quelle est l’esthétique commune à vos accessoires ?

Les bijoux étaient effectivement au cœur de la marque le temps de poser son identité. Puis j’ai décliné mon concept de détournement des matériaux sur des sacs, des chaussures et des chapeaux. Le fil rouge entre mes créations, c’est le cuir. C’est mon obsession. Il y en a dans toutes mes pièces. C’est une matière assez extraordinaire, noble et sensuelle. On peut exprimer beaucoup de choses avec le cuir.

Vos créations sont réalisées au Maroc. Quel savoir-faire appréciez-vous là-bas ?

Je suis partie au Maroc pour trouver des matières naturelles comme l’os et la corne pour mes bijoux, et depuis toutes mes créations y sont réalisées. J’ai pris le temps de trouver les artisans qui savaient travailler certains matériaux et qui pouvaient répondre à mon exigence. ll a fallu créer une relation de confiance avec eux, m’adapter au rythme local. Ça a été une confrontation enrichissante de valeurs et une véritable ouverture sur l’autre car tout y est différent.

Avec les sandales, la mule fait partie des pièces phare. Pourquoi ce modèle ?

Au Maroc, on ne trouve pas de beaux fermoirs pour les chaussures. J’ai donc choisi un modèle dont je pourrai assurer une fabrication impeccable. Ce qui me plaît dans cette chaussure estivale, c’est d’y apporter un décalage en la parant de matières insolites comme la fourrure ou l’éponge. Et je tiens à préciser que j’étais la première à lancer ce modèle, bien avant Gucci ! (rires). Maintenant, il y en a partout. J’ai aussi travaillé le talon biseauté sur la mule, ce qui est désormais la signature Parme Marin. Il fait écho à mon amour de l’architecture.

Parme Marin
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L’Afrique est présente dans vos créations. Que représente ce continent pour vous ?

On dit souvent que mes créations sont d’inspiration africaine. Je dirais plutôt qu’elles sont ethniques. Ce sont toutes les ethnicités qui m’intéressent, qu’il s’agisse des papous, des indiens d’Amérique ou des Dogons du Mali. Ce qui m’inspire, c’est l’artisanat et les techniques ancestrales des tribus. La corrélation entre elles, c’est la couleur, les formes géométriques et les matières naturelles. Autant d’éléments que j’aime travailler dans mes créations. Cet amour du folklore me vient de mon père qui est savoyard et m’a beaucoup sensibilisée aux traditions de la région. J’ai depuis gardé un amour pour le costume et l’artisanat traditionnel. Toutes ces pièces émouvantes qui racontent une histoire.

En 2017, Beyoncé s’est affichée avec une de vos créations. Racontez-nous les coulisses de cette photo.

Le styliste de Beyoncé vient souvent dans notre show room pour emprunter des pièces mais on n’avait jamais eu de publication jusqu’alors. J’ai appris complètement par hasard que Beyoncé avait porté une de nos créations car son styliste a taggué la marque sur Instagram. La photo est devenue virale et ça a eu un impact incroyable. Le port des créations par une personnalité est un véritable accélérateur aux Etats-Unis. L’actrice Emma Watson, qui n’apprécie que les produits éthiques, a porté nos mules en fausse fourrure. Ce fut aussi un joli buzz pour la marque.

Vous avez une démarche écologique. Vous pouvez me l’expliquer ?

Nous essayons d’agir à différents niveaux. Il me semble naturel et logique de ne pas jeter le surplus. Nous gardons toutes les chutes de tissus que nous réutilisons pour couvrir les boutons par exemple. Nous évitons aussi les gros emballages. J’ai pris la décision de ne pas ranger mes chaussures dans des boîtes mais dans de jolis tissus. Il a fallu l’imposer à certaines grandes enseignes et ce ne fut pas facile ! Mais j’ai tenu bon. J’ai aussi installé des panneaux solaires dans nos bureaux marocains qui les alimentent en eau et en électricité.

Parme Marin
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Quel regard portez-vous sur le milieu de la mode et son évolution ?

Pour être honnête, je ressens une certaine lassitude face à la surconsommation et à la demande constante de nouveautés ! Il faudrait réaliser x collections par an alors que j’ai une approche intemporelle du produit. J’aimerais que mes clientes puissent ressortir leurs colliers dans 10 ans et les apprécier autant qu’au moment de l’achat. C’est ce qui m’importe réellement. Il y a une autre chose qui m’agace : l’uniformisation. Les gens agissent comme des moutons et n’ont plus de personnalité. Ce phénomène est accentué par les réseaux sociaux. On est tous censé adorer les baskets Balenciaga, alors qu’elles ne me plaisent pas du tout ! (rires). J’ai décidé de ne pas me laisser faire et de cultiver ma singularité. Ma marque ne décollera peut-être jamais comme Balenciaga mais je ne veux pas vendre mon âme au diable ! Il faut trouver le juste équilibre et ne pas se laisser happer par le système.

Comment et où vous ressourcez-vous à New York ?

New York est une ville énergisante, intense, mais épuisante. Ma chance est de pouvoir régulièrement faire des pauses au Maroc. J’y vais tous les trois mois, mais ce rythme est plus espacé depuis l’arrivée de ma fille qui a un an. Ces moments salutaires, où le rythme se calme, me sont indispensables pour tenir la cadence d’une vie d’entrepreneur.

Parme Marin

L’héritage arty de Parme Marin

Votre première émotion mode

Ma mère portait une sorte d’uniforme : un pantalon en cuir et des santiags. Elle ne les quittait jamais ! Je pense que mon obsession pour le cuir vient de là.

Une personne dont le style vous a influencée

Je n’ai jamais eu de référent mode.

Une odeur liée à un souvenir mode

Ce n’est pas lié à la mode mais à mes origines savoyardes. Il s’agit de l’odeur du bois. C’est un matériau extraordinaire qui a marqué toute mon enfance.

Les artistes qui ont forgé votre goût du beau

Ils sont liés aux milieux de l’architecture et du design. Je suis une fan d’Art Deco. J’apprécie particulièrement le travail du décorateur Jacques-Emile Ruhlmann. Bill Willis, qui partageait avec moi l’amour du Maroc, fait partie de mes architectes préférés. Et je ne me lasse pas des œuvres de Buren. Son approche du noir et blanc est fantastique.

Deux institutions culturelles coups de cœur

Le Guggeinheim est un musée aussi beau dehors que dedans. Il propose une manière particulière d’appréhender l’art, sans jamais revenir sur ses pas. J’apprécie aussi la Fondation Louis Vuitton pour le travail de Franck Ghery. C’est un grand homme.

3 pièces qui vous définissent

Le pantalon en cuir, les gros bijoux imposants et le tee-shirt blanc.

Dans les ateliers marocains de Parme Marin

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