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Martin Martin

Les blazers festifs de Martin Martin

Martin Martin. Le nom sonne délicieusement aux oreilles. Il évoque une fête pétillante ou une innocente comptine d’enfant. Cette double interprétation est au cœur de la ligne de blazers lancée il y a deux ans par Capucine Martin. La jeune créatrice imagine des pièces tantôt sages, tantôt canailles, qui se portent le jour ou la nuit. Elle s’amuse à transformer un archétype masculin pour mieux en souligner sa sensualité. Sous son crayon, le blazer se pare de paillettes, s’agrémente de volants légers et se laisse même dévorer par la dentelle. Capucine Martin fait revivre dans sa marque le souvenir d’une grand-mère fantasque, spécialiste du costume. A son image, elle rêve d’égayer le quotidien des femmes avec des pièces fortes et légèrement décalées. Dans son appartement show-room parisien, Capucine nous raconte son parcours de créatrice autodidacte, fidèle aux valeurs esthétiques ébouriffantes qu’on lui a transmises.

 Par Inès Matsika

Photos : Dario Holtz

Martin Martin

Capucine Martin ©Dario Holtz

Martin Martin

©Dario Holtz

 Avant de lancer Martin Martin, quel était votre rapport à la mode ?

Il était avant tout sentimental. J’ai été initiée à la mode par ma grand-mère Marguerite. Avec sa sœur Paule, elles avaient un atelier de couture assez original. Elles fabriquaient des costumes et des déguisements pour les fêtes données par les gens de la haute société. Elles transformaient des vêtements assez classiques en des pièces complètement farfelues. Petite, je me rendais souvent dans l’atelier qui était une sorte de caverne d’Ali Baba à mes yeux. J’ai des souvenirs de perles, de plumes et d’accessoires dorés qui ont forcément influencé mes goûts et plus tard le style de Martin Martin.

Martin Martin est un jeune label. Que faisiez-vous avant de le développer ?

J’ai un parcours qui sort des sentiers battus. J’ai arrêté mes études à 18 ans et j’ai enchaîné les stages dans différents domaines. Je cherchais ma voie. Finalement, je suis partie vivre à Londres où j’ai travaillé comme vendeuse pour la marque Brandy Melville. J’ai rapidement gravi les échelons et suis devenue responsable du développement des boutiques. J’ai adoré cette expérience qui m’a beaucoup appris. J’y ai mis fin pour lancer un projet entrepreneurial. Avec trois amis français, nous avons ouvert à Londres la chaîne de restaurants Cocotte dédiée au poulet rôti. Ça a été un carton ! Aujourd’hui, nous sommes à la tête de sept adresses.

Quel a été le déclencheur pour créer un label de mode ?

Une fois les restaurants Cocotte bien lancés, j’ai eu envie de rentrer à Paris pour développer un projet personnel. A ce moment-là, plusieurs choses m’ont guidée vers la mode. Je repensais aux costumes de ma grand-mère et des expériences vécues au festival de musique Burning Man – où les participants sont follement costumés (Ndlr) – ont stimulé mon imaginaire. J’ai eu envie de lancer une marque de mode singulière. Durant un an, j’ai mûri le projet et posé les valeurs de Martin Martin.

Martin Martin

©Dario Holtz

©Dario Holtz

©Dario Holtz

Martin Martin

©Dario Holtz

Pourquoi développer une ligne monoproduit ? Pourquoi le blazer ?

Le blazer est une pièce à priori classique qui offre une grande liberté d’interprétation. Il peut se porter d’une manière sage, ou au contraire déjantée. J’avais envie de m’amuser avec cette dualité et de proposer des modèles pour le jour, et pour la nuit. Cela fait écho aux besoins des femmes, qui en journée doivent souvent afficher des tenues neutres, et apprécient de se lâcher en soirée !

Les blazers ont une certaine signature, des boutons particuliers. Expliquez-nous.

Les boutons étaient à l’origine sur une veste donnée par ma grand-mère. Je les ai fait imprimer en 3D et laquer en or. Ils portent le logo de la marque. Ils sont le détail signature que l’on trouve sur la plupart des blazers Martin Martin.

Le blazer est un vêtement d’homme. Qu’appréciez-vous dans le fait de travailler une pièce du vestiaire masculin ? Et comment la féminisez-vous ?

Je ne l’ai pas abordé de cette manière. Pour moi, le blazer est une pièce féminine par excellence. Je le travaille de manière à valoriser la morphologie des femmes. En supprimant le col des vestes, en ajoutant des volants qui courent le long de la nuque et qui habillent les manches, en jouant avec des matières glamour comme la dentelle, le velours à paillettes et le satin.

Quels sont les créateurs, qui ont démocratisé la veste pour la femme, qui vous inspirent ?

Yves Saint Laurent, évidemment et Claude Montana. J’aime la folie créative de ce dernier. Au plus fort de sa carrière, il n’avait pas peur de pousser à l’extrême les formes, les couleurs et les matières.

Lire aussi: Le style de Claude Montana revisité dans une capsule

Martin Martin

©Dario Holtz

Martin Martin

©Dario Holtz

Est-ce difficile de défendre cette esthétique à un moment où le streetwear domine la mode ?

J’ai la chance de séduire une clientèle à la recherche de pièces très féminines qui tranchent avec les vêtements larges ou genderless, qui sont monnaie courante aujourd’hui. Du coup, il y a un attachement assez fort à la marque, même si elle est encore jeune.

Vous avez choisi de fabriquer à Paris. En quoi est-ce important ?

S’inscrire dans un circuit court est beaucoup moins contraignant pour une jeune marque. Je peux facilement contrôler et adapter toute la chaîne de fabrication. J’étais aussi motivée à l’idée de valoriser un savoir-faire local. Chaque pièce est réalisée à la main par des artisans. Dans une démarche responsable, je développe un projet d’upcycling avec les fournisseurs français avec lesquels je travaille. Je vais récupérer leur petit métrage pour créer des collections capsules vendues exclusivement sur mon site à un prix préférentiel.

Le secteur est très compétitif, saturé. Quels sont, selon vous, vos atouts pour émerger parmi les autres ?

J’ai la naïveté d’y croire (rires). Comme je ne viens pas de ce milieu, j’avance de manière très naturelle, sans me comparer aux autres. Je suis contente de la façon dont le projet évolue. Pour l’instant il est bien reçu. Des sites comme www.netaporter.com et des enseignes comme www.bergdorfandgoodman.com me soutiennent et vendent mes blazers. Cela me donne une belle énergie pour continuer.

 

Marti Martin

©Dario Holtz

L’héritage mode de Capucine Martin

 

 

Une odeur liée à un souvenir mode

Le parfum Après l’ondée de Guerlain porté par ma grand-mère. J’ai encore une bouteille qui lui appartenait et que je garde précieusement.

Les artistes qui ont forgé votre goût du beau

Je suis une fanatique de danse. Mikhaïl Baryshnikov m’émeut et je suis de près le travail de Benjamin Millepied. D’ailleurs, je viens de faire une collaboration avec Marion Barbeau, première danseuse à l’Opéra de Paris. On a réalisé des vidéos qui mêlent danse et mode.

Une époque à laquelle vous auriez aimé vivre

Les années 80, pour les paillettes et les épaulettes (rires) ! J’aurais voulu connaître le Studio 54 et faire la fête entourée de tous les artistes incroyables qui fréquentaient le club.

Lire aussi: Le Studio 54 entre au musée

Une institution culturelle coup de cœur

L’Opéra de Paris où j’ai passé beaucoup de temps quand j’étais plus jeune. Tous les mardis, mon père nous proposait une soirée culturelle à ma sœur et moi. Et l’on choisissait souvent ce haut lieu de la danse qui reste dans mon esprit, lié à des moments familiaux très doux.

www.martinmartin-paris.com

Martin Martin

©Dario Holtz

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