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fête impériale

Fête Impériale électrise la silhouette avec des pièces rococo

Quand on dialogue avec Laura Gauthier Petit, on imagine tout de suite sa bibliothèque. Truffée de livres d’histoire écornés, vieillis et annotés jusqu’au petit jour. De sa passion pour la fin du 19ème siècle, la créatrice en a tiré une ligne de vêtements précieux, dotée d’un nom qui fait des étincelles : Fête impériale. Ses phrases, ponctuées de références artistiques, renvoient à cette époque qu’elle admire et dont elle puise l’inspiration pour créer un vestiaire fluide aux imprimés exclusifs, dopé par des détails rock. Des tenues qu’elle imagine portées par des femmes libres et anticonformistes, dignes héritières de Debbie Harry et des cocottes ensorcelantes de la Belle Epoque.

Par Inès Matsika

fête impériale
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Fête Impériale s’inspire du Paris de la fin du 19ème siècle. Qu’est-ce qui vous fascine dans cette époque ?

D’un point de vue artistique, c’est une période très riche. Je me suis intéressée au courant des impressionnistes, et plus particulièrement aux oeuvres des quelques femmes artistes – telle Berthe Morisot – qui ont réussi à percer dans ce milieu très masculin. J’apprécie aussi la « peinture portrait » des socialites de l’époque, réalisée par des artistes comme Giovanni Boldini ou Henri Gervex. C’est une période charnière qui voit émerger les débuts de la photographie. J’aime beaucoup l’idée qu’elle fut utilisée par les cocottes (des courtisanes de luxe, ndlr) comme « moyen de promotion » auprès des puissants durant les bals mondains. J’y trouve d’ailleurs un parallèle amusant avec l’utilisation d’Instagram de nos jours comme outil de promotion personnel !

Pour finir, je me suis pas mal documentée sur le destin de certaines courtisanes comme La Païva, Liane De Pougy, La Castiglione…

Quel est votre rapport à l’histoire ?

Ma grand-mère était professeure d’Histoire de l’Art et j’ai baigné dans cet amour de la culture depuis petite. Mes périodes de prédilection sont l’Antiquité et la seconde partie du 19ème siècle, notamment le Second Empire. Ce qui me fascine, c’est la modernité des moeurs de cette époque. Il suffit de lire l’Education Sentimentale de Flaubert pour s’en rendre compte. Les questionnements et préoccupations étaient sensiblement les mêmes qu’aujourd’hui, malgré les 150 ans qui séparent ces deux périodes !

 

fête impériale
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Vous avez lancé votre marque il y a 4 ans. Y-a-t-il une différence entre le dressing des débuts de Fête Impériale et celui d’aujourd’hui ?

Oui. Avec le temps, mes collections sont plus cohérentes. J’essaie de concentrer mes inspirations et mes envies sur un nombre de pièces et un choix de matières plus restreints.

Belle étoffes, couleurs pétantes, riches imprimés. Votre vestiaire évoque le faste. Y-a-t-il cependant des choses que vous vous interdisez en création ?

Oh oui ! Parfois, certains tissus sont « sublimissimes » mais beaucoup trop chers pour être utilisés. pour moi, il est indispensable que mes collections restent accessibles et puissent être portées par toutes les femmes. J’ai arrêté également le travail du cuir et des peaux. Je ne travaille plus qu’avec des cuirs végétaux et de la fausse fourrure.

Vos imprimés sont particulièrement réussis. Comment sont-ils créés ?

Au début de chaque collection, j’ai une idée très précise des couleurs et de l’imprimé que je souhaite faire. Mon envie est à chaque fois la même : créer un univers un peu onirique, en m’appuyant sur des références artistiques, architecturales et botaniques. Mes inspirations sont multiples et peuvent venir d’un voyage, d’une photo ou d’une oeuvre d’art.

Les imprimés sont des dessins, ou des mélanges de dessins et de collages. Depuis les débuts de Fête impériale, je collabore avec une amie graphiste textile pour la création de ces univers, et parfois avec des illustrateurs sous la forme de collaboration. La prochaine est avec Marianne Ratier qui a conçu le thème « Pavots » pour la collection printemps-été 2020.

 

Quel moment préférez-vous dans le processus de création de vos modèles ?

J’aime toutes les étapes. De la phase d’inspiration en amont, en passant par le dessin des silhouettes, le choix des matières et des tissus, les essayages, la réalisation des premiers prototypes… Je serai incapable d’en choisir une en particulier ! La fin d’une collection – lorsque j’observe l’ensemble des pièces créées – est à la fois un moment d’émotion forte et de vide absolu, puisqu’il faut redémarrer un nouveau cycle.

Vous avez travaillé avec Boucheron pour la réouverture de leur hôtel particulier. Qu’avez-vous apprécié dans cette expérience ? 

J’ai adoré cette collaboration. L’histoire de la maison Boucheron démarre en plein Second Empire. Il s’agit du plus ancien joaillier de la Place Vendôme. Ont séjourné à l’hôtel particulier d’illustres clients tels la Castiglione, La Païva, le tsar Nicolas II de Russie. L’ADN de cette maison est une source d’inspiration en soi. L’hôtel particulier est aussi un bijou d’architecture haussmannienne. Sa rénovation est la rencontre du savoir-faire français et européen. Ce projet marque le repositionnement de la maison Boucheron. C’était un véritable plaisir de collaborer avec elle, et de créer un vestiaire sur mesure pour son personnel.

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D’autres collaborations sont-elles prévues ?

Oui, notamment avec la maison Madura pour laquelle je crée une ligne de linge de maison et d’objets de décoration. Je suis une grande fan de musique. Depuis mes débuts, je collabore avec les groupes L’Impératrice et Hollydays pour lesquels je dessine et crée des tenues de scène.

Les créatifs fonctionnent souvent par tribu. Quelle est la vôtre ?

Je suis très proche de ma famille et de mes amis de longue date qui ont des profils différents. Ils sont artistes, musiciens, entrepreneurs… Ce qui guide mes rencontres, c’est le feeling et l’intuition, pas le carnet d’adresses et encore moins le « pédigrée » ! Parmi ma garde rapprochée, je peux citer les fondateurs du restaurant ISTR, un bar à huitres et à cocktails situé rue Notre Dame de Nazareth à Paris. Ne pas les mentionner aurait pu être mal pris !

Vos créations nous font voyager dans le temps. Êtes-vous pour autant une personne nostalgique ? 

Non, je suis d’une nature plutôt joyeuse, et j’aime vivre dans le présent.

https://www.feteimperiale.fr/

L’héritage mode de Laura Gauthier Petit 

Votre première émotion mode

Une robe de demoiselle d’honneur dessinée et montée par ma grand-mère quand j’avais 6 ans, et que j’ai portée pour le mariage de ma marraine.

Un personnage dont le style vous a influencée

Au risque d’être redondante…ma grand-mère, et ma mère aussi. Auprès d’elles, j’ai récupéré une collection de pièces vintage assez folle.

Une odeur liée à un souvenir mode

Un parfum décliné en bougie : l’Orange Spice de Creed, Santal 33 du LABO.

Les artistes qui ont forgé votre goût du beau

Je me suis beaucoup baladé dans les allées du Musée d’Orsay. J’aime particulièrement les collections peinture et sculpture de cette institution. Côté mode, j’admire les couturiers Yves Saint Laurent, Ossie Clark et Martin Margiela. Le style de certaines femmes comme Françoise Sagan, Debbie Harry, Madonna…et ma grand-mère a aussi éduqué mon œil.

Deux institutions culturelles coups de cœur

Le Musée d’Orsay et le Musée Yves Saint Laurent.

Les archives d’une maison de mode à découvrir

Celles d’Yves Saint Laurent, d’Ossie Clark et d’Azzedine Alaïa.

3 vêtements qui vous définissent

Un kimono en soie que je porte en veste, un vieux jean 501 et une chemise oversized imprimée dont je n’ai pas fini d’explorer les différents portés

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