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Maison Père

Maison Père ouvre ses portes à la décoration

Camille Omerin

Camille Omerin ©Dominique Silberstein

Ne prononcez pas le mot « peur ». Il ne fait pas partie du vocabulaire de Camille Omerin. La téméraire créatrice, qui a lancé Maison Père il y a cinq ans, ose prendre un nouveau virage pour sa marque. Elle la transforme en une Maison de création et accueille la décoration au sein du concept. Une ligne de mobilier et une activité de design d’intérieur viennent enrichir la proposition de la griffe. Avec une franchise rafraîchissante, Camille Omerin partage son parcours – pas toujours tranquille – de jeune créateur. Entrepreneuse dans l’âme, elle parle avec la même aisance d’objectifs chiffrés que de création. La poigne d’un CEO et la sensibilité d’une esthète : c’est dans cette dualité que la jeune femme puise pour dessiner les nouveaux contours de Maison Père. Rencontre dans son home sweet home, à l’image de la marque.

Texte : Inès Matsika

Photos : @insidefashionplaces

Après 5 ans d’activité, vous changez de cap en introduisant chez Maison Père une proposition de décoration à plusieurs tiroirs. Pouvez-vous expliquer le concept ?

Aujourd’hui, il y a désormais trois axes chez Maison Père. Le prêt-à-porter organisé autour de deux collections par an, la décoration avec une ligne annuelle de mobilier et une activité de design pour des projets extérieurs auxquels j’apporte la signature de la maison.

Qu’est ce qui a motivé ce repositionnement ?

La décoration a toujours fait partie de mon univers. Les deux collaborations que j’ai faites avec La Redoute Intérieur et Ananbô ont précisé mon envie de me diversifier. Un concours de circonstances a précipité le projet. Je devais lancer des capsules avec des marques de décoration mais cela n’a finalement pas abouti. Je l’ai interprété comme un signe. Il était temps que je lance ma propre ligne, de manière pérenne, avec les codes de Maison Père.

Concernant le conseil, des chantiers sur lesquels j’ai travaillé m’ont donné envie de prolonger l’expérience. On est venu me chercher pour rénover deux boutiques parisiennes de la griffe masculine Lafaurie. J’ai adoré piloter ces projets de décoration et il m’est apparu évident qu’il fallait développer cet axe au sein de ma marque. Pour asseoir mes compétences, j’ai suivi une formation d’architecture d’intérieur.

Vous sentiez-vous trop à l’étroit dans le milieu de la mode ?

Il faut être honnête. Au bout de cinq années de développement de Maison Père, j’étais épuisée. C’est exigeant de faire grandir une marque, on est tellement nombreux ! L’existence moyenne d’une nouvelle griffe se situe entre deux et cinq ans. Ça m’a fait réfléchir. J’ai donc pris du temps pour faire le point. J’ai déménagé, j’ai pris soin de moi et j’ai réfléchi à la meilleure direction à prendre. Ce concept m’est apparu être le bon. Grâce à ce choix de diversification, j’espère inscrire ma marque dans le temps.

C’est aussi un choix plus solide financièrement. Le mobilier a une durée de vie plus longue que les vêtements. On peut, d’une collection à une autre, reconduire des pièces et les revisiter. Les coûts de production sont davantage absorbés grâce à la longévité des produits. Et les marges sont aussi plus intéressantes. C’est un point capital lorsque l’on sait que la majorité des produits sont aujourd’hui vendus en soldes ou en ventes privées !

Maison Père
Maison Père
Maison Père
Maison Père

Qu’est ce qui vous a semblé le plus difficile dans cette mue en créatrice de meubles ?

Pour moi, créer n’est pas difficile. Dessiner une robe me semble aussi simple que de dessiner un meuble. Ce qui est dur, c’est de vendre et de se faire connaître !

Mais ne connaissant pas les spécificités techniques du mobilier, il était capital que je trouve le bon partenaire pour assurer la fabrication. Je l’ai trouvé au Portugal. Une usine qui produit un mobilier de très belle facture. Il en est ressorti une première collection composée de quatre pièces : un banc, un fauteuil, un tabouret et un paravent avec des lignes rondes qui rendent hommage à l’univers du designer Pierre Paulin ou de la maison De Sede. J’ai également conçu une série de tableaux inspirés de l’architecture moderniste des années 50 à 70 en Californie, dans lesquels on retrouve des clins d’œil aux imprimés de Maison Père.

Dans ce nouveau processus créatif, quelle est l’étape que vous préférez ?

Toutes sont intéressantes. Ce qui me plaît fondamentalement dans cette aventure, c’est de me différencier des autres marques. Il est assez rare de se lancer dans le prêt-à-porter et de muter ensuite vers la décoration. C’est drôle car Sarah Lavoine a fait l’expérience inverse (rires). Arriver avec une nouvelle proposition est ce qui m’intéresse le plus car j’aime surprendre. Et par-dessus tout, j’apprécie le challenge ! Je n’ai pas peur de la prise de risque.

Maison Père
Maison Père

Dans votre activité de conseil, quels seront les bons critères pour accepter un projet ?

J’ai avant tout envie qu’on me fasse confiance et qu’on vienne me chercher pour l’identité de Maison Père. Je trouve excitant de déployer mon univers à des restaurants, des hôtels ou des lieux culturels

 L’identité de Maison Père reposait sur votre héritage familial. Comment cette notion se traduit-elle dans le nouveau concept ?

Elle est plus que jamais au cœur de la marque car la décoration est un héritage que j’ai reçu de ma mère. Sans être une professionnelle, elle a toujours eu un goût très sûr et nous avons vécu dans les différents décors qu’elle se plaisait à imaginer. Je l’ai beaucoup observée. De mon père, je conserve le côté fonceur. C’est un entrepreneur chevronné qui a passé sa carrière à racheter des boîtes et à les développer. Je partage sa passion de l’entrepreneuriat. Au niveau du prêt-à-porter, la ligne continue de se nourrir de mes souvenirs et d’influences vintage.

 

Maison Père
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Maison Père
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La mode et la décoration ont toujours eu des frontières poreuses. Quelles sont les marques qui ont le mieux fusionné ces domaines selon vous ?

Je pense tout de suite aux griffes italiennes comme Missoni, Fendi et Armani. Chez Missoni, j’aime particulièrement les couleurs ainsi que les tissus. Cette marque a une identité très forte, qu’elle décline aussi bien dans la mode que dans la décoration. C’est impressionnant.

Vous désignez aujourd’hui votre griffe comme une Maison de création. Qu’est ce que la création apporte à votre vie ?

J’ai toujours accordé une place à la création. Depuis que je suis adolescente, je fabrique des vêtements et des accessoires. J’ai toujours su que j’allais monter une marque de prêt-à-porter, c’était une évidence. Et pourtant, je n’ai pas choisi de faire une école de stylisme. Dessiner des patrons pendant trois ans m’aurait achevée ! (rires). J’ai fait des études de commerce car je me voyais avant tout comme une entrepreneuse. Je me suis ensuite formée dans les plus grandes maisons de luxe comme Chloé, Balmain, Lanvin…Je me définis comme une femme de terrain, qui aime trouver des solutions pour concrétiser des idées. Et c’est avec cette approche-là, très concrète, que je souhaite développer Maison Père.

Maison Père, 1 rue du Marché Saint-Honoré, 75001 Paris. www.maisonpere.com

Qu’est ce qui vous a semblé le plus difficile dans cette mue en créatrice de meubles ? Pour moi, créer n’est pas difficile. Dessiner une robe me semble aussi simple que de dessiner un meuble. Ce qui est dur, c’est de vendre et de se faire connaître ! Mais ne connaissant pas les spécificités techniques du mobilier, il était capital que je trouve le bon partenaire pour assurer la fabrication. Je l’ai trouvé au Portugal. Une usine qui produit un mobilier de très belle facture. Il en est ressorti une première collection composée de quatre pièces : un banc, un fauteuil, un tabouret et un paravent avec des lignes rondes qui rendent hommage à l’univers du designer Pierre Paulin ou de la maison De Sede. J’ai également conçu une série de tableaux inspirés de l’architecture moderniste des années 50 à 70 en Californie, dans lesquels on retrouve des clins d’œil aux imprimés de Maison Père. Dans ce nouveau processus créatif, quelle est l’étape que vous préférez ? Toutes sont intéressantes. Ce qui me plaît fondamentalement dans cette aventure, c’est de me différencier des autres marques. Il est assez rare de se lancer dans le prêt-à-porter et de muter ensuite vers la décoration. C’est drôle car Sarah Lavoine a fait l’expérience inverse (rires). Arriver avec une nouvelle proposition est ce qui m’intéresse le plus car j’aime surprendre. Et par-dessus tout, j’apprécie le challenge ! Je n’ai pas peur de la prise de risque.

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