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10 questions à Catherine Malandrino qui revient avec un livre

L’histoire de la créatrice française fait partie de celle que l’on aime raconter pour illustrer le fantasme – désormais largement éculé- d’une Amérique terre de tous les possibles. Installée à New York en 1998, elle y lance sa ligne de prêt-à-porter et se place rapidement parmi les designers les plus influents. Sa marque de fabrique est simple : mixer élégance française et énergie américaine dans un dressing coloré. La presse raffole de ses créations ultra-féminines et les stars deviennent ses meilleurs ambassadrices. Après 17 ans au service des femmes, Catherine Malandrino quitte la scène de la mode. Elle revient sous les projecteurs pour défendre son livre « Une femme française » paru aux éditions ST. Martin’s Press dans lequel elle détaille un parcours passionnant, boosté par les rencontres et une détermination sans faille. L’occasion de rencontrer celle qui contribua avec panache à la mode des années 2000.

La « Flag Dress » de Catherine Malandrino, celle par qui le succès arriva. Aujourd’hui, elle est un objet iconique présenté au FIT (Fashion Institute of Technology) de New York et au Fashion and Textile Museum de Londres.

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Revenons sur votre histoire. Qu’est ce qui a motivé votre départ aux Etats-Unis ?

L’amour et une opportunité de travail. Après avoir assuré la direction artistique de la marque Et Vous en France pendant 4 ans, j’ai suivi celui qui allait devenir mon mari, Bernard Aidan. A New York, des amis m’ont présentée la créatrice Diane Von Fürstenberg avec laquelle j’ai entamé une collaboration.

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Racontez-nous votre travail aux côtés de Diane Von Fürstenberg.

Diane avait envie de relancer la wrap dress (la robe portefeuille) aux Etats-Unis et de donner une nouvelle ampleur à sa marque. Le challenge m’a plu. J’ai réalisé des collections pour elle pendant quatre ans et la dernière année, j’ai créé en parallèle ma première ligne. Je me sentais assez mûre pour lancer la marque Catherine Malandrino à New York.

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Les années 2000 signent l’arrivée de nombreuses créatrices, dont vous, sur le marché de la mode et à la direction artistique de grandes maisons. En quoi le fait d’être une femme designer change-t-il la manière d’aborder le vêtement?

On parle de femme à femme. On entame un dialogue plus intime. J’avais conscience du challenge que les femmes doivent relever en étant à la fois mère, amante, amie et travailleuse. Il fallait une garde robe qui raconte tout cela, qui parle à la fois de féminité, de force et de détermination.

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Qu’aviez-vous envie d’apporter en tant que créatrice française aux clientes américaines ?

Mon message était : soyez une femme avant tout. Les américaines ont un côté extrêmement combatif et ont tendance à se cacher derrière des vêtements qui ressemblent à des armures. Elles ont beaucoup emprunté au vestiaire masculin pour se sentir puissantes. Je leur ai proposé une garde-robe à la fois féminine et forte. Je dessinais avant tout des robes qui étaient la pièce centrale de mes collections. Un vêtement doux, souple, tout en courbes qui enveloppe le corps féminin. J’ai aussi amené de la couleur en créant des associations insolites.

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Votre marque décolle en 2000 avec la collection Flag. Quelle était sa particularité ?

Elle était inspirée du film « Easy Rider » qui parlait d’une Amérique libre que je voulais remercier. En très peu de temps, j’ai vécu le rêve américain. J’ai été accueillie à bras ouverts par les clientes et la presse nationale m’a beaucoup encouragée. Les célébrités ont plébiscité mes créations. J’ai fait des rencontres extraordinaires guidées par le travail et la chance. Une des plus belles fut avec Madonna par l’intermédiaire de sa styliste qui lui avait montré la collection Flag. Madonna a adoré et elle est devenue une grande ambassadrice de la marque. Ce fut pour moi un fantastique tremplin. Je suis aussi marquée par ma rencontre avec Mary J.Blidge qui est devenue une grande amie. Elle m’a soutenue dès mon premier show organisé à l’Apollo Theater à Harlem au son de chants de gospel. Elle m’a ensuite suivie dans toutes les collections et nous avons créé des lignes ensemble.

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Quel a été l’impact des attentats du 11 septembre 2001 sur la scène créative new-yorkaise ? Comment avez-vous vécu ces évènements ?

Ce fut un choc de voir Manhattan dans cet état. Ma collection Flag, créée en 2000 et qui reprenait l’iconographie du drapeau américain, prenait d’un coup une autre dimension. Les femmes et les personnalités, dont Madonna, s’en sont emparées dans un acte revendicateur de soutien à la ville. J’ai été propulsée sur le devant de la scène du fait de ces évènements. Ma collection fut jugée prémonitoire mais elle ne l’était pas, c’était juste un concours de circonstance auquel j’ai dû faire face. La dernière personnalité en date à avoir porté une robe Flag est Meryl Streep lors de la convention démocrate de soutien à la candidature à la présidence d’Hillary Clinton. Cette robe est devenue une pièce culte et est présentée dans des musées à New-York et à Londres.

 

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Vous avez revendu votre marque en 2015. Vous revenez sur le devant de la scène avec un livre « Une Femme Française » publié aux éditions St.Martin’s Press. Qu’est ce qui a motivé son écriture ?

L’envie de partager un parcours de 20 ans entre Paris et New York jonché de joie, de challenges, d’amitiés, de déceptions et de reconstruction. Un parcours inattendu qui m’a surprise et époustouflée. J’avais envie de dire aux femmes françaises et américaines qu’avec audace tout est possible.

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Votre livre est une ode à l’élégance et au pouvoir de séduction des femmes françaises. En quoi sont-elles si différentes des américaines ?

Elles intègrent la poésie au quotidien. Il y a une légèreté, une nonchalance, le parti pris de l’imperfection et l’idée de l’individualité en chacune de nous. L’américaine a plus tendance à se formater, à suivre des codes plus définis. J’avais envie d’influer aux femmes américaines cette légèreté propre aux françaises.

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 Au delà de l’apparence, votre livre encourage les femmes à l’audace, à oser pour vivre pleinement sa vie. Il tombe à pic dans ce moment où les femmes veulent reprendre davantage de pouvoir. Que pensez-vous de ce mouvement « d’empowerment féminin » ?

C’est un moment extraordinaire car beaucoup de femmes avant nous se sont battues pour avoir cette idée d’égalité à tous les niveaux. On est en train de s’en approcher et c’est grâce au travail de toutes. C’est un combat sensible car l’idée essentielle est de vivre ensemble, avec les hommes. Les forces ne doivent pas être contraires, mais doivent se rassembler.

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Votre livre est parsemé de citations de grandes personnalités qui ont traversé les époques. Quelle est celle qui vous représente le plus ?

« Il faut se méfier des femmes qui n’aiment ni le fromage, ni la musique, ni le vin » de Colette. J’aime par dessus tout la joie de vivre ! Le bonheur est partout, il faut savoir le saisir.

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